Loisirs
Comprendre la vigne et la vivre dès le plus jeune âge

Charlotte Favarel
-

La pédagogie et l’apprentissage s’invitent à la cave coopérative Agamy durant quatre rendez-vous annuels. Vis ma vigne Kids, ce sont des ateliers qui expliquent le cycle de la vigne aux plus petits. Ils ont démarré en février et c’est un succès. 

Comprendre la vigne et la vivre dès le plus jeune âge
Les ateliers Vis ma vigne favorisent le temps passé à l’extérieur auprès des vignes, pour une meilleure compréhension.

Sophie Fontaine et Perrine Guyot sont deux guides conférencières. En 2020, quand la crise sanitaire a mis le hola à toute activité, elles ont eu envie de monter leur association pour proposer des visites dans le Beaujolais. L’association Petra Gaïa est née avec la géologie et les vignes au cœur de son projet...

En parallèle, Anaïs Burnichon, fraîchement arrivée à la cave coopérative beaujolaise et responsable d’œnotourisme, rêve d’adapter le format Vis ma vigne au jeune public. « Il y a un intérêt à remettre le vignoble au cœur du territoire », analyse la chargée d’œnotourisme. Que ce soit pour les Lyonnais ou les habitants des villages du vignoble, montrer ce qu’est le travail de la terre reste essentiel. Il n’en fallait pas plus pour mutualiser les forces et proposer le format Vis ma vigne adapté aux enfants.

Des ateliers interactifs

Quatre ateliers sont organisés tout au long de l’année pour suivre le rythme des saisons. Avec leur format interactif et ludique, la guide conférencière constate que les enfants « restent très actifs en posant beaucoup de questions ». Construits en trois parties, les ateliers laissent place aux échanges. « On a une première partie explicative, une autre où ils vont pouvoir manipuler et une dernière qui fait jouer leurs sens », explique-t-elle. Elle a d’ailleurs plus d’un tour dans son sac pour capter l’attention des plus petits : « on évite les termes trop techniques et on utilise des comparaisons qui leur parlent. Par exemple, quand on parle de contenance des cuves, on leur demande combien de vaches on peut mettre dedans, ça permet de donner une idée de la taille. Quand je vois qu’ils décrochent, j’attire leur attention sur des insectes ou des cailloux. »  Le but de l’atelier, c’est que les enfants s’approprient le moment passé avec les parents. Et ces derniers se prêtent facilement au jeu. « On répond à leurs interrogations et on ne reste jamais trop longtemps au même endroit, précise Anaïs Burnichon. On a mis un point d’honneur à l’aspect intergénérationnel de ces ateliers : les parents aussi apprennent des choses. »

Et qui dit simple ne dit pas sans contenu. Pour le premier atelier qui s’est tenu le 18 février, chaque enfant est reparti avec un greffon. « On a expliqué pourquoi il y a de la vigne ici, sur ce type de sol, quelles sont les plantes environnantes… », détaille Perrine Guyot. Puisque cet atelier s’est déroulé sous le soleil hivernal, c’était l’occasion d’expliquer la dormance de la vigne et comment s’opère le greffage. Concernant les sens, le nez a été mis à l’honneur pour le premier atelier. « Il y avait plusieurs petites fioles avec des arômes à sentir et à retrouver », précise la guide. Chacun des quatre ateliers s’inscrit dans la continuité du cycle de la vigne et est indépendant des autres. Le prochain, programmé en avril, sera l’occasion d’observer la vigne revivre.

Sensibiliser et vulgariser

Pour préparer, s’inspirer et construire les ateliers, Perrine Guyot se rend dans beaucoup de domaines différents et discute avec les viticulteurs. « Aujourd’hui, l’élaboration du discours change depuis ces cinq dernières années et la mutation du vignoble. J’ai beaucoup lu sur l’histoire de la vigne et du vin. »

Formée à l’histoire de l’art et la géologie, la guide propose une vision différente du vignoble. « Avec ces ateliers, on donne une approche de la vigne par le biais de la géologie. On sensibilise les nouveaux habitants aux pratiques agricoles. Ni Sophie ni moi ne sommes viticultrices. On est vraiment là pour diffuser les informations et exposer les faits, surtout en Beaujolais. Le vignoble a souffert pendant vingt ans, le monde est en évolution constante et les agriculteurs sont toujours en train de questionner leur métier. » Elle endosse un rôle d’intermédiaire pour expliquer le travail de la terre. « Les viticulteurs n’ont pas forcément les outils pour expliquer leur métier. Nous, nous disposons de différentes manières de faire », ajoute-t-elle. En rapprochant les pratiques des personnes et en montrant qu’il y a de l’humain derrière, les guides conférencières brisent les idées reçues sur le métier de la vigne. « Il y a de la méconnaissance avec beaucoup d’images préconçues de la campagne », observe Perrine Guyot. « Selon les demandes, nous sommes capables de parler de reproduction d’escargots, des grenouilles, du travail des viticulteurs, de la fabrication de fromages de chèvre, énumère-t-elle. C’est un métier atypique où on touche à beaucoup de choses. Et c’est une richesse, on est tout le temps en train d’apprendre. »

Valoriser le vignoble et sa reconnaissance

Grâce à cette coopération entre Petra Gaïa et Agamy, la solidarité et l’entraide sont expliqués. « On déconstruit l’idée qu’une cave coopérative est essentiellement basée sur la production. Elle est aussi un lieu de vie où l’importance de la coopération axe le système », remarque Perrine Guyot. De plus, la tenue de ces ateliers a montré que même les habitants proches des vignes ne savent pas forcément ce qu’il s’y passe. « Ces ateliers correspondent à une attente présente dans le vignoble. » L’idée germe de proposer des ateliers aux écoles, l’avenir fera le reste.

Avec un discours évolutif, la guide conférencière met en avant l’atout du vignoble. « D’une année sur l’autre, rien ne se ressemble et depuis cinq ans, les vignerons arrachent pour replanter : la physionomie du vignoble est en train de changer. Mais l’importance de la diversité des sols est telle que la géologie reste la base de tout. Il y a une reconnaissance de l’Unesco, ce qui n’est pas rien, tous les vignobles ne l'ont pas ! Il faut en être fier car ce vecteur est important pour la valorisation. »

L’œnotourisme a donc toutes les cartes pour réinscrire le vignoble au cœur de la communication.

Charlotte Favarel

Les prochaines dates à ne pas manquer :

  • Samedi 29 avril, de 15h à 16h30 : la vigne se réveille.
  • Samedi 8 juillet, de 15h à 16h30 : la vigne en fleur.
  • Samedi 30 septembre, de 15h à 16h30 : les vendanges.

Informations et inscriptions en ligne, sur le site : agamy.fr/vis-ma-vigne-kids/

Ateliers ouverts à partir de 6 ans.

Dans les coulisses des ateliers