Grange Charton
Innover en commun

Charlotte Favarel
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Animée par Philippe Vayssac, la conférence « Principes et méthodes d’innovation : design thinking, effectuation et décentralisation » a permis de se projeter dans la construction du projet de la Grange Charton. 

Innover en commun

« Il y a une nécessité de faire démarrer l’innovation depuis le terrain et la vigne », introduisait Jérémy Thien, vice-président de la communauté de communes Saône Beaujolais (CCSB) et maire de Jullié dans l’amphithéâtre du lycée Bel Air, à Belleville-en-Beaujolais le 16 mars. Anciennes Hospices de Beaujeu, le domaine viticole de la Grange Charton appartient depuis 2020 à la CCSB. Pour dynamiser le site, un appel à projets a été lancé pour occuper et mettre en valeur ce patrimoine viticole. Une réflexion est en cours pour créer un tiers-lieu viticole avec trois volets : favoriser l’installation avec une pépinière d’entreprises, être un acteur de l’innovation et accueillir des porteurs de projets en relation avec les métiers du vin et enfin, un volet animation avec l’ouverture au grand public.

Concernant le volet innovation, Philippe Vayssac du groupe G-LAB de Groupama Rhône-Alpes Auvergne et Sarah Perez, ingénieure en sciences cognitives, ont présenté différentes manières de travailler.

Comment entreprendre ? 

Pour introduire ces nouvelles manières d’innover, Philippe Vayssac a partagé les grands principes de l’effectuation. « Deux logiques sont partagées, la causale et l’effectuale. Par exemple, si on reçoit des invités pour diner, avec la logique causale on va aller faire les courses pour faire le diner. Alors qu’avec la logique effectuale, on va d’abord dresser un inventaire de notre frigo, demander les spécificités alimentaires de chacun et proposer aux invités de ramener le dessert. On répartit donc les risques et ça nous coûte moins cher. »

Le premier des principes d’effectuation est le frigo. « On démarre avec ce qu’on a sous la main, on fait l’inventaire de notre réseau d’acteurs », précise-t-il. Ensuite, arrive le deuxième principe : la perte acceptable. « On définit un délai avec un certain budget et on fait le bilan. Il vaut mieux commencer petit, local et maintenant », expliquait Philippe Vayssac. Arrive après le patchwork fou, le troisième principe. On recherche des parties prenantes tout au long du projet. « Quand on s’engage dans un projet, si on embarque avec nous des personnes, il y a un effet d’engagement plus important », précisait Sarah Perez. Quatrième principe, la limonade. « On tire parti des surprises négatives et on les transforme en opportunités. L’entreprise Stacy’s a démarré avec un food-truck et pour faire patienter les gens dans la file d’attente, ils distribuaient des chips gratuites. Certains de leurs clients leur ont dit qu’ils venaient essentiellement pour les chips et aujourd’hui, c’est une des plus grandes marques », illustre le directeur innovation. L’ingénieure en sciences cognitives détaille d’ailleurs que « le cerveau traite les informations négatives de manière privilégiée. Il faut donc développer une flexibilité mentale et tourner les choses au positif ». Dernier principe de l’effectuation : le pilote dans l’avion. « On ne prédit pas le futur, il ne faut pas faire de prévision sur cinq ans. »

Créer de la nouveauté

Le design thinking est une conception créative qui a une approche de l’innovation centrée sur l’humain. Empathie, définition, idéation, prototype et test sont les étapes du design thinking. « Après une immersion sur le terrain et une phase empathique pour comprendre l’autre, on redéfinit le problème », énumère Philippe Vayssac. L’idéation servira à communiquer, « on se pose la question de savoir comment est-ce qu’on peut activer la créativité. Pendant cette phase, on peut faire appel à des gens différents pour augmenter les capacités cognitives », suggère Sarah Perez. Viennent alors les prototypes, « il a fallu 5000 prototypes à Dyson® avant de commercialiser son aspirateur », illustre le directeur innovation. Tester son produit permet d’avoir des retours des utilisateurs à des fins d’amélioration.

Un atelier pratique d’innovation s’est tenu le 5 avril sous forme de séance d’idéation. L’occasion de réfléchir aux prochaines innovations proposées à la Grange Charton !

Charlotte Favarel