Technologie
Quand agriculture rime avec numérique
Une délégation de l'association Entreprise & numérique (ENE) s'est rendue dans les Yvelines pour découvrir Hectar, « le plus grand campus agricole du monde ». Objectif : voir si des liens existent et peuvent se créer entre agriculture et numérique.
La technologie et le numérique ont aujourd'hui une place de plus en plus prégnante dans le monde de l'entreprise. L'agriculture ne fait pas exception à la règle. Des colliers connectés pour suivre les chaleurs des vaches, des distributeurs automatiques de concentrés, des robots de traite, des tracteurs guidés par GPS ou encore des systèmes d'irrigation ultra précis pilotables du bout des doigts directement sur son smartphone sont autant d'exemples qui existent dans le milieu agricole. Alors s'il fallait à brûle-pourpoint répondre à la question : existe-t-il un lien entre agriculture et numérique ? La réponse serait sans hésiter oui. Et pourtant, ce lien n'est pas si évident à faire pour des métiers qui touchent avant tout à du vivant, à la terre… C'est avec ce prérequis en tête qu'une délégation de l'association Entreprise & numérique (ENE) *, dont le siège est situé à Charbonnières, s'est rendue dans les Yvelines pour visiter Hectar, « le plus grand campus agricole au monde » annonce la page Facebook de l'établissement. Fondée il y a un peu plus d'un an par Xavier Niel, fondateur de Free et Audrey Bourolleau, ex-conseil-lère d'Emmanuel Macron pour les questions d'agriculture à l'Élysée, cette école agricole a pour vocation de former des « entrepreneurs agricoles où la place du digital et des nouvelles technologies sont essentielles ».
Devenir leader
Ainsi, sur plus de 600 ha, Hectar compte un campus de formation, un incubateur et un accélérateur de start-up en lien avec l'agriculture, des espaces de coworking, de séminaire et de sensibilisation des jeunes notamment sur l'importance de régénérescence des sols et une ferme en transition. Objectif : promouvoir l'agriculture et trouver les agriculteurs de demain. « Dans les trois prochaines années, 160 000 fermes seront à reprendre, car il n'y aura pas de renouvellement de génération paysanne, pas de reprise familiale. Les besoins sont impérieux », justifiait Audrey Bourolleau, dans les colonnes du Monde. Si la volonté est louable et avait fait grincer certaines dents à son lancement il y a un peu plus d'un an, aujourd'hui l'objectif reste inchangé, mais l'équipe reconnaît qu'elle peine à remplir les promotions et que l'enjeu du renouvellement des générations est immense. « Nous faisons face au grand défi d'attirer des talents », souligne la cofondatrice d'Hectar.
Côté incubateur et accélérateur, les premières start-ups ont été accompagnées sur des innovations technologiques sur l'ensemble de la chaîne de valeur. « La France est la troisième nation européenne dans l'agrifoodtech derrière l'Allemagne et la Grande Bretagne. La France a beaucoup d'atouts pour devenir leader. C'est aujourd'hui en croissance, mais elle n'est pas assez rapide. Il faut que les fonds changent de grille », affirme-t-on chez Hectar. Reste à relever l'enjeu de créer davantage de ponts entre les start-ups et les agriculteurs. Une piste pour l'ENE.
Une ferme pilote
Sur Hectar, il n'est pas rare de voir pâturer des normandes et pour cause, le campus possède sa propre ferme laitière : La Laiterie des Godets. Elle « a pour ambition de tester des process et modèles dans le but d'améliorer les conditions de travail des éleveurs pour lever les freins au maintien de l'activité d'élevage laitier dans notre pays, et de susciter des vocations notamment auprès des jeunes générations », annonce le site Internet. Ainsi, le 100 % pâturage a été adopté et une seule traite est réalisée par jour. Aujourd'hui, entre 160 000 et 200 000 l de lait bio sont produits et transformés à la ferme en fromages ou yaourts qui sont vendus en direct.
