Maison Vermorel
Nouveau chapitre pour la maison Vermorel

Charlotte Favarel
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Après plusieurs années de travaux intensifs, la Maison Vermorel, située à Villefranche, réouvre ses portes au grand public depuis le premier week-end de juin. Un événement attendu qui marque une nouvelle ère pour cet édifice historique.

Nouveau chapitre pour la maison Vermorel
L'intérieur de la maison Vermorel, à chaque étage son usage. CF/IAR

En pénétrant dans la Maison Vermorel à Villefranche, fraîchement restaurée et prête à ouvrir ses portes au public, l’atmosphère authentique qui émane de chaque recoin frappe immédiatement le visiteur. Cette bâtisse historique, désormais dédiée à la culture et à la gastronomie, promet de devenir un pilier incontournable de la vie caladoise. L’ancienne cuisine, avec ses casseroles en cuivre d’époque, évoque le passé culinaire de la maison. Au rez-de-chaussée, tout reste fidèle à l’original, les frises d’époque conservées donnent aux pièces un cachet authentique. Les visiteurs seront surpris de découvrir le chemin de câble soigneusement préservé, une prouesse de l’ingénierie moderne qui permet à la maison d’être équipée de lumière et de chauffage, sans compromettre son charme ancien. Déjà ici, les espaces sont assez accueillants pour quelques séminaires ou événements professionnels.

Mêler l’histoire et les entreprises

En montant au premier étage, on découvre trois salles de réunion à louer, idéales pour des séminaires ou des rencontres professionnelles, créant un cadre propice à la réflexion et à l’échange. Bien que des bureaux pour entreprises soient encore à pourvoir, cette zone est conçue pour être un espace de travail flexible, ouvert à diverses activités professionnelles. Le deuxième étage est dédié au travail collaboratif, avec une vision de location à long terme mais ouverte à diverses opportunités. La Ville, consciente de l’héritage entrepreneurial de Victor Vermorel, partage les espaces et le temps pour équilibrer les usages culturels et professionnels. Un fonds de dotation est également en place pour attirer le mécénat des entreprises locales, renforçant ainsi le lien entre la maison et le tissu économique du territoire.

Gastronomie et innovation

La visite se poursuit avec la découverte du restaurant en rez-de-jardin. Hasan Haj, le chef cuisinier, s’est inspiré des vitraux de la maison pour créer le logo du restaurant. Il se souvient de sa première visite à la Maison Vermorel, équipé de son flash de téléphone : « j’ai tout de suite pensé à Poudlard avec ce bâtiment magique ». Arrivé en France il y a 11 ans pour étudier à l’école Paul Bocuse, ses expériences l’ont conduit à y rester et à devenir citoyen français. « Rejoindre cette aventure boucle une belle histoire. La Maison Vermorel a le mérite de faire des choses magiques, que ce soit dans une assiette ou dans un verre. » Avec une équipe de 7 à 8 personnes, dont Oussama Doudeau, sous-chef, le restaurant offre 56 couverts avec la véranda, proposant une expérience culinaire exceptionnelle. Le chef met un point d’honneur à utiliser 90 % de produits locaux pour les boissons et les plats. Hasan Haj a également réinventé l’éclair, une pâtisserie emblématique, en hommage à Vermorel, inventeur du pulvérisateur homonyme qui sauva la vigne du mildiou. Ce dessert, aux côtés du pâté en croûte, figure en permanence sur la carte, alliant tradition et créativité. « Nous utilisons un moule rectangulaire spécifique qui rappelle le pulvérisateur inventé par monsieur Vermorel, avec une pâte à choux cuite à la perfection, garnie de caramel et de crème Paris-Brest, mon dessert préféré », confie le chef. Les cours de cuisine, organisés dans les anciennes caves, accueillent jusqu’à 8 adultes. Le premier cours a déjà été donné mi-mai, marquant le début d’une série d’ateliers culinaires prometteurs.

Ode à la vigne

Dans le jardin, impossible de louper l’œuvre de Vincent Ganivet, sculpteur et auteur de Vitiscatenae, une tonnelle unique. Connu pour ses constructions d’arches comme celles réalisées avec des conteneurs au Havre, il crée ici sa première œuvre en végétal : « c’est la première fois que je travaille avec des vignes, ce qui m’a paru pertinent pour la Maison Vermorel, explique-t-il. La structure métallique servira de gabarit, restant en place quelques décennies pour soutenir la croissance de la vigne. À terme, l’objectif est de transformer cette structure en un arbre autoportant ». Des ateliers seront également organisés avec des scolaires pour planter les pieds de vigne.

La réouverture de la Maison Vermorel marque un moment important pour Villefranche, offrant un nouveau lieu de rencontres et de culture. Comme le résume Thomas Ravier, maire caladois : « nous avons rendu ce lieu accessible et vivant, en hommage à notre patrimoine et pour le plaisir des Caladois ».

Charlotte Favarel

Informations :

Visites sur inscription

Programmation et horaires d’ouverture : https://www.maisonvermorel.fr/

Culture

Une offre étoffée

La maison Vermorel se veut un lieu de liens. « Un lieu de transmission, un lieu pour les habitants. Les visites immersives seront gratuites sur inscription chaque premier dimanche du mois et tous les mercredis après-midi. Nous voulons en faire un lieu vivant pour tous les habitants », précise Béatrice Berthoux, adjointe à la culture. Des visites de groupe de 15 personnes sont également possibles. « Nous savons qu’il y a des attentes fortes avec cette maison car nombreux sont ceux qui ont des grands-parents qui y ont travaillé. » L’offre s’articulera autour des 4 saisons. Pour l’été, les concerts et le cinéma plein air prendra place dans le parc attenant à la maison. Toute l’année, la maison fera la part belle à la transmission puisque les scolaires viendront faire des ateliers cuisine avec le restaurant La table Vermorel et des visites immersives de la maison. Yves Dimier, peintre calligraphe, partagera son processus de création avec les élèves. Formé au dessin, il se concentre sur la représentation des êtres vivants, notamment les arbres. Inspiré par la pratique asiatique, il travaille à l’encre et aborde les formes différemment. « La calligraphie asiatique vise à transmettre un concept, un esprit, explique-t-il. Nous rencontrons les arbres avec tous nos sens qui travaillent, pour produire une empreinte émotionnelle. » 

 

Historique

Un lieu multifonctionnel

« La réouverture de la Maison Vermorel est le fruit d’un long chantier et d’un combat pour préserver notre patrimoine culturel », a exprimé Thomas Ravier, maire de Villefranche, lors de la conférence de presse du 21 mai pour la réouverture du bâtiment. La ville, déjà riche en institutions et associations culturelles, voit ainsi son offre culturelle renforcée. Le projet, commencé avec la donation en 2007 par les descendants Vermorel, a nécessité de nombreuses idées et efforts avec sa classification Monument historique. « Nous avons voulu faire revivre cet endroit et le rendre aux Caladois. C’était un pari risqué, mais nous sommes fiers du résultat. » Ce ne sont pas moins de 15 entreprises (dont 14 régionales) qui ont œuvré pour rénover les 1800 m2 répartis sur 3 étages. « Le chantier a coûté 7,8 millions d’euros, financé à 40 % par des subventions du Département, de la Région et de l’État », détaille Béatrice Berthoux, adjointe à la culture. La Maison Vermorel n’est pas seulement un bâtiment restauré, c’est aussi un espace polyvalent destiné à diverses activités culturelles et sociales. Pascale Reynaud, adjointe au développement et à la gestion du patrimoine, partage son enthousiasme : « c’est un chantier extraordinaire, que l’on ne fait peut-être qu’une fois dans une vie d’élue. Nous avons transformé le sous-sol en restaurant pour s’adapter aux usages ».