Hommage
Bernard Pivot, fervent défenseur du vignoble

Emmanuelle Perrussel et Charlotte Favarel
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La disparition de Bernard Pivot laisse un vide immense dans le monde littéraire et culturel français. En tant que fervent défenseur du patrimoine et de la culture, il a toujours été un ardent promoteur du vignoble Beaujolais. Son engagement passionné pour le terroir et son amour pour le monde viticole ont été une source d'inspiration pour de nombreux amateurs et professionnels.

Bernard Pivot, fervent défenseur du vignoble
Amoureux des lettres et du Beaujolais, Bernard Pivot a beaucoup œuvré pour le vignoble. IAR

Bernard Pivot, journaliste, écrivain et animateur, laisse un héritage indélébile dans le cœur de ceux qui ont partagé sa passion pour le Beaujolais et ses traditions viticoles. « Entrevu à des fêtes dans le Beaujolais, je connaissais le personnage par la télé. C’est d’abord un grand journaliste et défenseur de la langue française. Quand on voit les dictées Bernard Pivot, moi qui ne suis pas fortiche en orthographe, j’aurais fait 100 fautes », plaisante Jean-Pierre Rivière, président de l’ODG beaujolais – beaujolais villages et vigneron à Lachassagne. « Ce que j’apprécie chez lui c’est son grand professionnalisme en tant que journaliste, son amour de la langue et de la culture française et surtout, son amour du Beaujolais. Il a toujours été un défenseur même au pire moment de la crise. » Véritable amateur de gastronomie, fils et frère de vignerons, Bernard Pivot était attaché à ses racines beaujolaises et en est devenu un ambassadeur, « qui portait haut les couleurs du Beaujolais », conclut le vigneron.

Défendre la réputation du Beaujolais

Bernard Pivot avait aussi pour ami et complice dans la défense du Beaujolais, le journaliste et critique gastronomique Périco Legasse. Ce dernier, contacté au lendemain de la disparition de Bernard Pivot, évoque la sensibilité qu’ils avaient en commun pour les vins du Beaujolais. Il retrace l’historique du comité de défense du Beaujolais qu’ils ont créé ensemble. « Notre objectif était de défendre la réputation du Beaujolais qui était malmenée à la suite d’une ancienne campagne de dénigrement. Nous nous côtoyions déjà à cette époque chaque année à la cave Signé Vignerons de Quincié (devenue Agamy depuis) pour désigner la cuvée Bernard-Pivot parmi des beaujolais villages présélectionnés. La mise en avant de cette cuvée commercialisée par Agamy a duré près d’une dizaine d’années. » Lors d’une discussion entre les deux membres du jury, l’idée du comité de défense a germé à la suite d’un énième anathème sur le Beaujolais. « Nous avons lancé la première sélection de beaujolais et beaujolais villages en 2010 à Fleurie au restaurant le Cep. Le comité de sélection se composait de journalistes et d’amis chargés de départager les cuvées de l’année antérieure afin de désigner un champion. Chaque année, notre objectif était de rendre hommage aux vignerons les plus fidèles de l’appellation et respectueux de l’authenticité des vins. À l’issue de la sélection, le but était de faire savoir les résultats grâce aux journalistes. »

La culture, pour tous

Si Bernard Pivot a fait en sorte que les Français aiment lire grâce à ses programmes télévisés tels que Ouvrez les guillemets, Bouillon de culture ou encore Apostrophe, il a aussi donné au vin une dimension culturelle. « On parlait de juliénas, de beaujolais, de morgon, de crus avec les mêmes mots, la même émotion que pour un livre, un film ou une œuvre d’art, pourvu que le vin soit authentique… », indique Périco Legasse qui avoue que Bernard Pivot « va bien me manquer. Il est désormais au paradis du cépage gamay… ». À Quincié, « c’est grâce à lui qu’on a eu la médiathèque, il a fait énormément de dons de livres et on retrouvait parfois des dédicaces d’auteurs qui en avaient fait don dans une des émissions de Bernard Pivot », se souvient Anaïs Burnichon, native de Quincié et chargée d’œnotourisme à Agamy.

Charlotte Favarel et Emmanuelle Perrussel