Côtes-du-rhône
Bilan climatique et sanitaire

Jeudi 12 septembre avait lieu la réunion de pré-vendanges pour les appellations Côte-Rôtie et Condrieu. Cet évènement organisé à Ampuis a permis de faire le bilan du millésime 2024 concernant les conditions climatiques et sanitaires mais également de faire un point sur l’avancée de la maturation pour ces deux secteurs. 

Bilan climatique et sanitaire

Corentin Rondeau, conseiller en viticulture à la chambre d’agriculture du Rhône, a détaillé les conditions météo qui ont marqué la campagne 2024. Un début d’année très doux, avec des températures supérieures aux normales de saison (environ +2 °C au mois de mars par rapport aux normales), et des précipitations importantes ont participé au redémarrage précoce de la végétation jusqu’à début avril. Le rafraichissement des températures a ensuite nettement ralenti la vigne, avec des températures moyennes journalières qui atteignaient péniblement les 10 °C et de très fortes précipitations qui ont touché le vignoble de l’ATCR (Association technique des côtes du Rhône septentrionales). Malgré ce rafraichissement, le premier semestre 2024 s’est conclu avec une température moyenne qui atteignait 12,1 °C, ce qui est supérieur à la valeur normale sur la même période (11,3 °C) et un cumul de précipitations également bien supérieur aux normales. Avec 750 mm relevés fin août à Ampuis, l’année 2024 a très largement dépassé le niveau de précipitations normalement mesuré durant les 8 premiers mois de l’année (443 mm). Grâce à cet excédent d’eau, la situation hydrique a été plus confortable qu’en 2022 ou en 2023.  Plusieurs journées de fortes chaleurs ont aussi touché Ampuis et Condrieu au mois d’août et les températures minimales sont peu descendues la nuit, égalant ou dépassant les 20 °C. Les températures maximales ont parfois atteint les 35 °C jusqu’à la fin du mois d’août. Finalement, les pluies de début septembre se sont accompagnées d’une baisse des températures et de l’ensoleillement, ce qui a pu freiner la maturité jusqu’aux vendanges. Les épisodes de pluie ont en effet affecté le chargement en sucres ou la qualité des raisins et entraîné un effet dilution plus ou moins marqué.  

Le mildiou bien présent

Ophélie Huver, également conseillère en viticulture à la chambre d’agriculture du Rhône, a fait le point sur l’état sanitaire de la vigne à l’approche des vendanges. Les conditions climatiques de cette année ont été favorables à l’établissement du mildiou, difficile à gérer durant la saison. Globalement, la situation est restée saine mais la fréquence et l’intensité des dégâts observés ont été variables selon les parcelles et les secteurs. Aujourd’hui, le mildiou a séché sur grappes mais le feuillage a parfois été bien atteint pouvant, dans certains cas, affecter la photosynthèse. Des taches récentes sont aussi encore observables dans certaines parcelles. L’oïdium a évolué dans les parcelles sensibles ou à historique mais est resté plutôt discret cette année. L’évolution du black-rot a été rapide en début de saison, notamment sur les feuilles. La situation s’est stabilisée par la suite et les dégâts sont généralement restés faibles à moyens selon les secteurs. Ophélie Huver affirme que le vignoble est globalement sain à l’heure actuelle, malgré les premiers foyers de pourriture qui sont observables dans certaines parcelles. 

Point sur l’évolution de la maturation 

Corentin Rondeau est revenu sur l’évolution de la maturation en Côte-Rôtie. Au 9 septembre, le poids des 200 baies est moyen à élevé avec 355 g en moyenne et est très disparate selon les parcelles en raison du millerandage. L’augmentation du degré alcoolique a été ralentie par les températures plus fraîches et l’effet dilution des pluies. Il a atteint 11,4 % vol au 9 septembre. Le millésime 2024 compte désormais 2 jours de retard sur 2023. Le potentiel acide s’est légèrement dégradé et se situe maintenant dans la moyenne basse avec 4,07 g/L d’H2SO4 en moyenne au 9 septembre. Corentin Rondeau affirme que les pH se situent globalement dans la moyenne historique et qu’une hétérogénéité parcellaire est notable. À Condrieu, Ophélie Huver note que le poids des baies a augmenté après les pluies du 5 septembre. Le poids des 200 baies atteint 336 g en moyenne sur l’appellation au 9 septembre, ce qui est la valeur la plus haute obtenue depuis 2012 à degré égal. Avec 2 jours de retard par rapport à 2023, le degré moyen est de 13,6 % vol à Condrieu. Comme à Côte-Rôtie, l’évolution des degrés a été ralentie par l’effet dilution causé par les pluies (seulement +0,18 degrés en une semaine). Les potentiels acides se sont aussi dégradés à Condrieu, avec 3,44 g/L d’H2SO4 en moyenne au 9 septembre. 

Ophélie Huver conclut en notant que le millésime 2024 se situe dans la moyenne et que l’on compte 2 jours de retard sur 2023, aussi bien en Côte-Rôtie qu’à Condrieu. Les journées chaudes et ensoleillées du mois d’août ont permis une bonne avancée de la maturation mais le rafraichissement et les pluies début septembre ont ralenti le chargement en sucres et ont engendré un effet dilution, retardant ainsi l’avancée de la maturation. Corentin Rondeau affirme que l’on peut toutefois espérer une amélioration du potentiel acide avec le retour du soleil et une fois l’effet dilution dissipé et rappelle que les vendanges seront à déclencher selon les équilibres de chaque parcelle, non selon la couleur ou en ne prenant en compte que le degré.

Michael Gérin et Pierre-Jean Villa, présidents des AOC Côte-Rôtie et Condrieu, ont conclu la réunion en soulignant la complexité du millésime et les difficultés des vignerons face à l’hétérogénéité constatée parfois au sein d’une même parcelle. Malgré les aléas climatiques, la récolte s’annonce positive avec un bon potentiel de récolte.