Chasse
Les dégâts de gibier vus du ciel

Françoise Thomas
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Se chiffrant à plusieurs dizaines de milliers d’euros chaque année, les dégâts de gibier représentent une charge financière importante pour la fédération des chasseurs du Rhône et de la Métropole de Lyon. D’où le projet de s’équiper éventuellement d’un drone, permettant d’estimer les pertes des cultures au plus juste.

Les dégâts de gibier vus du ciel
La vision de la parcelle depuis le drone permet de repérer les zones où il y a des pertes de cultures. ©FT-IAR

Avec la capacité de survoler un hectare en une minute, et une autonomie allant jusqu’à près de 500 ha par jour, le drone devient un précieux allié dans les cas de dégâts sur des cultures. La société Exo.expert est venue présenter les produits qu’elle propose, le 2 septembre dernier, à des membres de la fédération des chasseurs du Rhône et de la Métropole de Lyon (la FDCRML). La présentation du drone et de l’application a débuté en salle, à la mairie de Quincieux, puis le groupe s’est rendu sur une parcelle à Poleymieux-au-Mont-d’Or pour une démonstration pratique.

Des outils d’analyse

Le procédé est relativement simple : il convient de déterminer la zone à survoler rendant le vol du drone 100 % automatique, l’engin parcourt la parcelle en prenant des photos, la fusion de ces photos crée une orthophoto, différents outils de l’application permettent ensuite d’analyser cette photo.
La « loupe » aide à cibler les zones impactées et donne une indication, voire caractérise, le type de dégâts. La « colorimétrie » distingue les différentes zones de la parcelle pour mesurer plus facilement les parties avec dégâts. Les différences de couleur font notamment ressortir les coulées de gibier et en mesurent la distance mais permettent aussi de distinguer les passages de roue des tracteurs pour les amputer du calcul final.

« En prenant de la hauteur, cela offre à la fois une visibilité complète de la parcelle et géolocalise précisément les zones de dégâts », indique Alan Usseglio Viretta, le président d’Exo.expert. Celui-ci a insisté sur le fait que « le drone n’enlève cependant pas les jambes et ne remplace pas l’estimateur ». Cette géolocalisation indique en effet à ce dernier l'endroit précis où se rendre, si besoin, ou permet d’analyser les dégâts lorsque la parcelle n’est pas accessible. Au final, la création d’un rapport en format PDF, avec cartes et analyses, permet de conserver l’ensemble des données récoltées et de déterminer précisément les zones ayant subi des dégâts, leurs étendues et, souvent, leurs causes. Ainsi le procédé fait gagner du temps et les éléments recueillis apportent de la traçabilité et limitent beaucoup les recours et contestations.

100 000 € de dégâts

L’application a cependant quelques limites : si elle permet par exemple d’estimer la quantité et la vitalité d’épis de blé sur une zone donnée, elle ne permet pas en revanche d’en déterminer le rendement. De même, les dégâts réalisés par les cervidés lorsque ceux-ci ne mangent que les épis, soit uniquement la partie terminale, ne peuvent pas être décelés depuis le point de vue du drone.

Enfin, un point réglementaire entourant le recours à un drone a aussi fait partie des éléments apportés. A minima, une formation est requise pour utiliser un drone. « Selon la zone survolée également, si celle-ci se trouve à proximité d’un aérodrome, d’une ville, d’une zone militaire, etc., il faut prendre contact avec le gestionnaire de la zone et suivre le protocole imposé », a-t-il notamment été rappelé.

La démonstration a semblé séduire les membres de la FDCRML. Celle-ci reverse « en moyenne chaque année entre 40 000 et 50 000 € d’indemnisation de dégâts de gibier. Cette année, ce devrait être près de 100 000 € », s’inquiète Alain Berlioz-Curlet, le président de la fédération départementale. Ce dernier estime l’investissement total à près de 10 000 €, mais pour lui, cet outil présente le double intérêt « d’estimer de façon très précise et incontestable le montant des indemnités à verser et d’éviter tout conflit ou procédure ».

Françoise Thomas