VIANDE BOVINE
Des charges toujours très élevées pour les éleveurs bovins allaitants

Le mois de février 2023 montre la poursuite des tendances déjà signalées par la Fédération nationale bovine (FNB) sur l’année 2022, à savoir un indice Ipampa encore très élevé, et des cotations, certes en progression, mais insuffisantes pour amortir la hausse des charges.

Des charges toujours très élevées pour les éleveurs bovins allaitants

Cette inflation inédite se mesure par la flambée des prix des matières premières subie par les éleveurs allaitants, sur les douze derniers mois(1) : aliments achetés + 24, % ; engrais et amendements + 74,8 % ; énergie et lubrifiants + 48,6 % ; matériel et petits outillages + 17,7 %.
Cette hausse conséquence des matières premières, couplée à une revalorisation du Smic, entraîne une augmentation des indicateurs des coûts de production de 15 %, rien que sur l’année 2022 (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019).

Sur le mois de février 2023, cette inflation stagne et diminue très légèrement avec un indice Ipampa viande bovine à hauteur de 137,9 points, en diminution de 1,3 point par rapport au mois précédent de janvier 2023. Cette diminution est due à la baisse, sur un mois, des postes engrais et amendements (- 11,8 points) et énergie et lubrifiants (- 9 points). À partir de cette réactualisation Ipampa viande bovine, l’estimation de la FNB du coût de production sur le mois de janvier 2023 est le suivant :

Une embellie des cotations, bien réelles, mais peut mieux faire

En parallèle, la décapitalisation du cheptel bovin, enclenchée depuis 2016, s’est accélérée sur l’année passée (baisse de 110 000 têtes en 2022). Par conséquent, les abattages sont en baisse de 4 % sur l’année passée(2), quand la consommation par bilan, en France, a augmenté de 1,1 %(3). Cette tendance à la baisse des abattages se confirme encore sur le début de l’année 2023 avec, sur les deux premiers mois, une diminution légère (- 0,99 % d’abattages sur les neuf premières semaines de 2023 par rapport à 2022, avec une journée d’abattage supplémentaire en 2023, par rapport à l’année passée). Cette offre limitée face à une demande dynamique a orienté les cotations à la hausse pour toutes les catégories animales, preuve qu’il n’y a pas de fatalité et que les prix peuvent bel et bien augmenter.

Bien que les cotations aient augmenté de 25 % sur l’année 2022, toutes catégories animales confondues (hausse de 1,04 €/kg sur le prix moyen pondéré), le constat est là : cette embellie des cotations, bien que réelle, ne permet toujours pas de couvrir la hausse des charges subie par les éleveurs sur l’année écoulée. L’écart entre le coût de production interprofessionnel et la cotation ne diminue que très légèrement sur les diverses catégories animales, par rapport à celui de 2018.

L’indicateur du coût de production interprofessionnel, l’élément indispensable au sein des contrats, pour faire face à l’envolée des prix des matières premières.

Il convient de rappeler que, dans le cadre de la loi Égalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son pre­mier acheteur et non l’inverse. Et le coût de production interprofessionnel (selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019 et non un autre) est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation. Le résultat de la mécanique de prix résultant de cette négociation et, présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.

Par la prise en compte du coût de pro­duction interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance que la flambée des prix des matières premières sera supportée par son exploitation, de manière viable et durable. Il convient également de rappeler que la prise en compte du coût de production interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement sur l’année passée ! Enfin, cela permet de donner de la lisibilité aux éleveurs et à la filière, de la visibilité aux banquiers pour accompa­gner les jeunes et, avec la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite dans les 10 années à venir, le renouvellement des généra­tions est urgent.

Fédération nationale bovine (FNB)

1 - Chiffres à fin décembre 2022 - Sources : Ipampa viande bovine, Rica 2015, traitement Institut technique de l’élevage.
2 - Source : Normabev.
3 - Sources : FranceAgriMer, d’après les douanes françaises, Agreste.