Un peu d'histoire
L’ordre du Mérite agricole, ce prestigieux poireau de 141 ans

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Il ne s’agit pas là du légume populaire mais bien de la plus honorifique des distinctions agricoles françaises. Instauré sous la Troisième République et affublé de nombreux quolibets dès sa mise en œuvre, l’ordre du Mérite agricole est devenu, au fil des décennies, un véritable gage de réussite auprès de tous les acteurs qui font rayonner l’agriculture dans l’Hexagone. 

L’ordre du Mérite agricole, ce prestigieux poireau de 141 ans
Dans l’esprit de son créateur, le Mérite agricole devait être considéré comme une véritable « Légion d’honneur des métiers de l’agriculture ». (@Gisèle Lombard)

Créé le 7 juillet 1883 par le ministre Jules Méline, l'ordre ministériel du Mérite agricole récompense les contributions exceptionnelles à l'agriculture. Placé sous la responsabilité du ministre de l'Agriculture, ce dernier prend les décisions des nominations après avoir consulté le Conseil de l'ordre. Récompense honorifique d’exception, le Mérite agricole se classe parmi les quatre ordres ministériels encore en vigueur aux côtés de l'ordre de la Légion d'honneur et de l'ordre du Mérite national malgré l'instauration de ce dernier en 1963 par le Général de Gaulle. Il côtoie ainsi l’ordre des Palmes académiques (fondé en 1808), l’ordre du Mérite maritime (fondé en 1930) et l’ordre des Arts et Lettres (fondé en 1957). 

Depuis le décret du 15 juin 1959, l’ordre du Mérite agricole comprend trois grades : chevalier, officier et commandeur. À ce jour, le contingent annuel attribué aux différentes distinctions est fixé à 30 commandeurs, 300 officiers et 1 200 chevaliers.

Une Légion d’honneur agricole

Dans l’esprit de son créateur, le Mérite agricole devait être considéré comme une véritable « Légion d’honneur des métiers de l’agriculture ». Cette idée initiale avait même inspiré le choix d’un insigne similaire à celui de la distinction originelle. Bien que ce modèle ait été abandonné, les deux liserés rouges qui ornent le ruban vert satiné rappellent toujours l’éclat de l’ordre national représenté par une rosette écarlate.

De l’ombre à la lumière malgré les railleries

Dès sa mise en œuvre, les parlementaires de l'opposition, le grand public et les journalistes de l’époque ont pris un malin plaisir à tourner en dérision la nouvelle médaille agricole, lui attribuant le surnom peu reluisant de « poireau ». Cette dénomination quelque peu péjorative faisait référence à l’esthétique de l’insigne, une étoile blanche suspendue à un ruban vert, qui rappelle la forme du poireau avec son bulbe blanc et ses feuilles vertes. Ce sobriquet est toujours utilisé dans le langage courant, mais est devenu, au fil du temps, bien plus bienveillant que moqueur. Preuve de cette évolution positive, l’expression « avoir le poireau » est désormais synonyme d’une immense reconnaissance professionnelle. 

Rémi Morvan