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Guide Hachette des vins : dégustation d’exception au château de Bel Air

Rémi Morvan
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Le 3 février dernier, c’est dans le magnifique écrin de Belleville en Beaujolais qu’a été organisée la dégustation annuelle du Guide Hachette des vins pour sa 41e édition. Véritable bible pour tous les amateurs de vins qu’ils soient professionnels ou néophytes, l’ouvrage ultra-complet de 1200 pages recense, entre autres, les meilleurs beaujolais après des séances de dégustation drastiques. 

Guide Hachette des vins  : dégustation d’exception au château de Bel Air
Cette année, 590 crus du Beaujolais ont été évalués. (©RM/IAR)

Ce matin-là, il régnait entre les vieilles pierres du Château de Bel Air un silence de cathédrale malgré les dizaines de personnes attablées. En effet, c’est ici que 70 jurés très concentrés se sont affairés à donner de leur nez pendant près de trois heures. Dans les salles du premier étage, on chuchote volontiers de vins boisés, d’acidité, ou de robe : « je pense que celui-ci mérite largement sa place dans le guide », « il manque un peu d’équilibre », « je vois des nuances bleutées pour certains, rosées pour d’autres », « en rondeur, on est pas mal du tout ». « Il y a beaucoup d’échantillons à évaluer, il faut qu’on tienne la barque même si la dégustation est très matinale ! » plaisante même Roger, viticulteur à la retraite. Malgré une légèreté très bon-enfant, on mesure toute la responsabilité portée sur ses épaules. À juste titre, puisqu’en septembre prochain, 7000 crus seront répertoriés dans un guide incontournable qui a fêté sa 40e édition cette année.

Un guide édité à plus de 50 000 exemplaires

Le travail de sélection s’avère donc, sans surprise, de fourmi : « nous avons 35 000 vins dégustés dont 7000 sont sélectionnés au niveau national. Pour le beaujolais, il y a 152 dégustateurs ce matin pour un total de 590 crus évalués. Tous, ou presque, sont professionnels, pour une évaluation la plus juste possible » explique Stéphane Rosa, directeur du guide, avant de préciser : « la spécificité de cette évaluation, c’est qu’elle est collégiale. Comme dans tous les concours, tous les vins sont évidemment dégustés à l’aveugle, mais c’est la synthèse des commentaires qui prime et qui pondère les notes finales ».  Ainsi, après deux sessions de dégustation, 150 vins seront retenus pour figurer dans ce guide édité à plus de 50 000 exemplaires chaque année pour promouvoir le vin français auprès du grand public.

Pour ce faire, une notation rigoureuse est effectuée sur une fiche de dégustation à remplir. Couleur ou intensité de la robe, nuances odorantes, première impression et longueur en bouche, apogée, harmonie générale... Les critères sont très précis et couvrent toutes les sensations propres à chaque gorgée pour une note finale sur 5. Entre 0 et 2, le vin est directement éliminé. Entre 3 et 5, le vin est sélectionné (3 correspond à un vin très réussi, 4 à un vin remarquable, 5 à un vin exceptionnel).

« C’est le booster incontournable pour les ventes »

Sans surprise, obtenir un coup de cœur engendre donc indéniablement des ventes supplémentaires pour les heureux primés. En effet, intégrer le guide est une véritable opportunité pour séduire une nouvelle clientèle, d’autant plus si le millésime primé fait partie des coups de cœur de l’année : « c’est le booster incontournable pour les ventes » s’exclame Jean-Luc Longère, exploitant depuis six générations à Perréon et Vaux-en-Beaujolais, qui a décroché 3 étoiles avec « Nos 2 elles - Lisa & Laura -  », un beaujolais villages blanc en hommage à ses deux filles. « Nous sommes orientés vente directe du caveau aux locaux, ça a été un vrai accélérateur. Le téléphone a sonné immédiatement dès notre apparition dans le guide. Le plus important, c’est la mention « coup de cœur » qui nous a offert une énorme visibilité. Obtenir une ou deux étoiles, c’est déjà beaucoup, mais avec le coup de cœur, on entre dans une autre dimension » explique le viticulteur, avant d’ajouter : « avec le guide Hachette, on fait face à une clientèle qui est très friande de « one shot », c’est pour ça qu’il faut être très réactif et s’adapter immédiatement à une demande quasi-instantanée ».

Une motivation qui réveillera certainement des vocations parmi les nombreux apprenants du Lycée Bel-Air venus prêter main forte pour l’organisation de l’événement, mais aussi parmi les goûteurs les plus jeunes. Comme Martin, venu spécialement de Mâcon pour sa première participation, qui confie, empli de motivation : « j’ai fait une licence en œnologie, je suis en pleine professionnalisation. Un jour, c’est certain, je serai dans ce guide ». C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Rémi Morvan