Près de 80 professionnels issus de différents secteurs de la restauration collective se sont réunis dans l’amphithéâtre du lycée Bel Air de Belleville-en-Beaujolais pour échanger autour de la loi EGalim. Proposée par la DRAAF AURA et organisée par Agribio Rhône & Loire, ce rendez-vous avait pour objectif d’aborder les problématiques d’approvisionnement que rencontrent les établissements dans ce cadre légal. 

Loi EGalim : quelles solutions pour la restauration collective ?
Nathalie Gaillet-Boidin (AGRIBIO), Jérémy Thien (C.C.Saône Beaujolais), Colette Darphin (Département du Rhône) et Frédéric Pronchery (Maire de Belleville-sur-Saône) (©Rémi MORVAN/IAR)

« Comment répondre aux objectifs d’approvisionnement de la loi EGalim pour ma restauration collective ? ». Tel était le programme d’une réunion territoriale emplie d’échanges et de questionnements autour d’un véritable labyrinthe législatif et administratif.  Qu’ils soient maire, vice-présidente du département en charge de l’agriculture, ou responsables de réseau d’agriculteurs bio, les intervenants de cette rencontre ont tenté d’apporter des pistes de réflexion face à une loi dont l’application sur le terrain en est encore à ses balbutiements.

Des enjeux commerciaux et environnementaux  

Adoptée en 2018, la loi EGalim vise à rééquilibrer les relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire en France. Elle poursuit plusieurs objectifs : améliorer la rémunération des producteurs, garantir une alimentation plus saine et durable, et réduire l'usage du plastique. Parmi ses mesures notables : l'obligation pour la restauration collective de proposer 50% de produits durables et 20% de produits bio depuis 2022. « Je tiens beaucoup à notre plan d’alimentation territoriale. On s’attache à développer de nombreuses mises en place de structures et de réseaux pour obtenir des résultats très rapidement. Cette loi EGalim en fait partie » affirmera en préambule Frédéric Pronchery, maire de Belleville-en-Beaujolais et premier vice-président de la Communauté de Communes Saône Beaujolais.

Un casse-tête territorial

Loin d’être simples à mettre en œuvre, ces projets d’alimentation territoriaux (PAT) prévus dans la loi EGalim s’entrecroisent selon leurs champs d’application. En charge de la livraison de 2 millions de repas par an dans les collèges, le Département doit donc jongler avec les municipalités qui, elles, s’occupent des écoles. Un véritable jeu d’imbrication qui ne doit nuire à aucun acteur, qu’il soit une collectivité ou un agriculteur : « je le dis souvent, le PAT du département, c’est de mettre le Rhône dans nos assiettes. On essaie d’avoir des produits locaux, d’intégrer des produits bio, et de respecter ce que nous demande la loi EGalim. Il faut être complémentaires en essayant de ne pas perturber ce que font les territoires sachant qu’il y a des PAT au niveau local. On est là pour structurer tout ça et être attentifs à ce qu’il n’y ait pas trop de doublons » rassure Colette Darphin, vice-présidente du département du Rhône en charge de l’agriculture.

Le bio, un volet sensible pour les collectivités

Parmi les conditions d’application de la loi EGalim se trouve l’obligation de proposer 20% de produits bio dans la restauration collective. Un frein pour certaines structures qui y voient un obstacle de gestion et de coût difficile à surmonter. Pour Nathalie Gaillet Boidin, co-présidente d’Agribio Rhône et Loire, il faut détricoter les idées reçues : « les agriculteurs bio vivent actuellement des temps difficiles parce qu’il y a un peu plus de désamour, pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes. On parle souvent de prix, ce n’est pas toujours vrai. Cependant, toute la chaîne doit évoluer. Les agriculteurs vont devoir fournir la quantité et la qualité nécessaires de manière régulière et opérationnelle. De l’autre côté, il faudra faire des efforts sur les moyens de cuisiner autrement, plus local, plus sain, plus nourrissant aussi. Il faut travailler main dans la main pour ces enjeux majeurs ».

L’acheminement, l’autre problématique

Après une intervention très détaillée de Virginie Dush, chargée de mission alimentation-DRAAF Aura, sur les différents dispositifs d’aide destinés aux collectivités pour respecter la loi EGalim à la lettre, Alice Martin, animatrice restauration collective chez Agribio, a rassuré l’assemblée sur les capacités de production des agriculteurs bio : « on a une très belle diversité de production dans le Rhône, avec la quasi-totalité des produits issus du territoire au menu de nos restaurants collectifs. L’enjeu, c’est l’acheminement de ces produits, bien plus que la capacité de production ».

Pour étayer cette stratégie, trois fournisseurs du territoire ont présenté leurs différentes solutions devant l’assemblée. Les représentants de Santalim (Saint Laurent de Chamousset), de la laiterie de la Roche (Les Sauvages) et de Bio A Pro (Brignais) ont clos cette rencontre riche en échanges.

Rémi Morvan