Inter Beaujolais
Nouveau duo, nouvelle dynamique

Charlotte Favarel
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Lors de l’assemblée générale d’Inter Beaujolais, Jean-Marc Lafont et Sébastien Kargul ont été nommés respectivement président et vice-président, succédant à Philippe Bardet et Daniel Bulliat. Ensemble, ils visent à renforcer la visibilité des vins du Beaujolais à l’international et à affronter les défis climatiques et générationnels qui se profilent.

Nouveau duo, nouvelle dynamique
Jean-Marc Lafont (à g.) et Sébastien Kargul (à d.), maintenant président et vice-président d'Inter Beaujolais. CF/IAR

En cette période olympique, une passation non pas de flamme mais de présidence s’est opérée jeudi 18 juillet au caveau des Compagnons du Beaujolais. Lors de l’assemblée générale d’Inter Beaujolais, Philippe Bardet et Daniel Bulliat, respectivement président et vice-président sur la fin de leur mandature de quatre ans, ont laissé place à un nouveau duo : Jean-Marc Lafont et Sébastien Kargul. Celui qui a tiré sa révérence de la présidence de l’ODG des crus du beaujolais en juin devient président de l’interprofession, représentant le collège viticole, aux côtés de l’actuel directeur des châteaux de Corcelles et des Tours, pour le collège du négoce. Fort de la revalorisation des vins du Beaujolais, Philippe Bardet appelle à une promotion mondiale du Beaujolais dans son dernier rapport moral : « nous devons porter les couleurs du Beaujolais au-delà de nos frontières. Nous avons ciblé le monde de la restauration, de la sommellerie, des cavistes et de l’export, il faut être persévérants et sur les marchés étrangers comme les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Ce sont des pays qui nous aiment sans nous connaître ».

L’export, une opportunité

Lors de l’assemblée générale, la table ronde « Quelles opportunités pour les vins du Beaujolais à l’export ? » a réinterrogé la position du vignoble sur le marché mondial.

« L’export représente 30 à 35 % de la commercialisation des vins du Beaujolais, c’est une part assez faible en comparaison d’autres vignobles », a observé Cécile Bossan-Redon, directrice de l’interprofession. Cette remarque met en lumière le potentiel inexploité du Beaujolais sur les marchés internationaux. Christophe Bristiel responsable export pour les propriétés de la famille Richard, a complété cette analyse en notant que « déjà une bouteille sur trois de Beaujolais est vendue à l’export ». Cependant, il a souligné que la vente à l’export ne se limite pas à l’ouverture d’un marché. « Une bouteille de vin n’est vendue que quand elle est bue. Une fois qu’on a ouvert un marché à l’export, c’est là que le travail commence », a-t-il expliqué. Pour réussir à l’export, Christophe Bristiel insiste sur l’importance d’aller sur le terrain pour comprendre comment et où les bouteilles seront consommées. « Il est essentiel d’accompagner les équipes d’importateurs, de connaître les équipes de vente avant de démarrer avec un distributeur pour comprendre comment les bouteilles allaient être distribuées. » Il a également mis en avant l’importance de ne pas différencier les ventes nationales et internationales : « la construction de la relation est la même. En France ou à l’export, je ne vois pas de différence ». L'un des grands défis pour les vins du Beaujolais est de gagner en visibilité et en présence sur les cartes des vins des grands restaurants : « si on est seul, pas de chance d’être visible sur les cartes de restaurants, si on est plusieurs, on va avoir de la place et un impact ». Le responsable export a insisté sur l’importance d’adapter le discours en fonction des marchés. « On ne pourra jamais s’inventer une image ou un discours qui n’est pas vrai. Mais il est très important d’adapter notre discours aux marchés : USA et Japon par exemple sont opposés dans leur approche au vin et leur perception », a-t-il déclaré. Enfin, Christophe Bristiel a exhorté les producteurs à mettre en avant les difficultés et le travail acharné derrière chaque bouteille de beaujolais. « Il ne faut pas hésiter à parler de ses difficultés. Quand on fait du vin en pente avec gobelet très bas et une densité de plantation 2,5 fois ce qu’elle est dans le sud, il faut communiquer sur la valeur travail. » Il a conclu en appelant à faire du Beaujolais une destination incontournable pour les visiteurs : « il faut que vous fassiez de votre région un passage obligé. Il faut s’arrêter, voir ces paysages et ces villages ».

Unis sur la vision

« L’interprofession est une union entre deux familles. Nous devons construire une dynamique commune pour atteindre des objectifs partagés », a déclaré Jean-Marc Lafont pour son premier discours en tant que président de l’interprofession. Il a dressé un bilan lucide de la situation actuelle du vignoble. « Le Beaujolais a connu une dynamique forte ces dernières années, mais quelques nuages s’annoncent à l’horizon. Il est essentiel de faire le point sur nos forces et nos faiblesses. » Il a également souligné les conditions climatiques difficiles et les défis de production qui ont marqué ces dernières années. À ses côtés, Sébastien Kargul a mis en avant le problème du renouvellement des générations, crucial pour la pérennité du vignoble : « le renouvellement des générations tarde à se concrétiser. Ce sont nos jeunes et la génération d’après qui comprendront le mieux les besoins de demain ».

Face aux défis climatiques, Jean-Marc Lafont a insisté sur la nécessité d’adaptation et d’innovation. « Il faut poursuivre la transformation de notre vignoble. Nous avons la chance d’avoir un domaine expérimental en Beaujolais. Notre Recherche & Développement doit se tourner vers de nouvelles pratiques qualitatives et innovantes », a-t-il affirmé. Il a également insisté sur l’importance de l’œnologie, déclarant que « la qualité des vins doit être irréprochable pour nous permettre de faire rêver ». Sébastien Kargul a évoqué les succès et les défis des stratégies mises en place. « La stratégie commencée a porté ses fruits, mais il ne faut pas délaisser les Beaujolais de partage. Nos plus belles cuvées doivent transmettre des émotions uniques. Le vin, c’est toujours un business », a-t-il rappelé. Il a également souligné l’importance de maintenir les budgets à l’export pour conquérir de nouveaux marchés.

Le nouveau duo a conclu en appelant à une action collective pour promouvoir le Beaujolais à l’échelle nationale et internationale : « nous avons besoin de chacun d’entre vous. Ensemble, nous pourrons faire briller le Beaujolais aussi bien en France qu’à l’international ».

Charlotte Favarel

 

Valoriser et promouvoir

Lors de l’assemblée générale d’Inter Beaujolais, Christophe Barré, responsable de la communication, a annoncé une série d’événements majeurs pour renforcer la visibilité des vins du Beaujolais.

  • À partir du 21 novembre, la deuxième édition des Rendez-vous Beaujolais chez les cavistes débutera, avec pour objectif de réunir plus de 600 cavistes indépendants. « L’idée est d’être en force chez les cavistes, en les aidant à générer plus de ventes et en leur offrant une campagne de communication avec un dispositif de publicité géolocalisé. » L’année dernière, plus de 450 cavistes ont participé, et 86 % ont maintenu l’opération pendant plus de sept jours. Cette année, déjà 328 cavistes sont inscrits, soit deux fois plus qu’à la même date l’année dernière.
  • Le pavillon Beaujolais à Wine Paris accueillera 55 exposants, avec une date limite d’inscription fixée au 31 août. « Il y a aussi la possibilité de co-exposer, une excellente opportunité pour les domaines de se faire connaître. »
  • Absent pendant de nombreuses années, le salon Grand Tasting est de retour. « C’est une très belle vitrine pour les amateurs de vin, y compris de nombreux jeunes avides d’apprendre. Nous devons être au moins 10 exposants cette année », a précisé Christophe Barré.
  • Du 13 au 15 juin 2025, se tiendra l’événement Bienvenue en Beaujonomie. « C’est une magnifique vitrine pour nos vins. Cette année, 1493 visiteurs sont repartis avec une image mémorable du Beaujolais. Nous avons besoin de plus de domaines et de caves pour participer », a conclu Christophe Barré.

Ces initiatives montrent la détermination d’Inter Beaujolais à renforcer la notoriété et les ventes de ses vins, tant en France qu’à l’international.

C.F.