Chambre d’agriculture - SDMIS
Pompiers et agriculteurs : un soutien précieux et cadré

Françoise Thomas
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On l’a vu durant l’été 2022 en Gironde puis dans le Jura, l’appui des agriculteurs aux sapeurs-pompiers lors des violents feux de forêts s’est avéré tout aussi naturel que précieux. L’expérience montre aussi que cela doit être cadré : une convention entre la chambre d’agriculture et les services de secours et d’incendie Rhône et Métropole vient d’être signée.

Pompiers et agriculteurs : un soutien précieux et cadré
La signature de la convention entre Pascal Girin (président chambre d'agriculture) et Zemorda Khelifi, présidente du SDMIS et en présence de Cécile Crozat (directrice chambre d'agriculture), Pascal Gouttenoire (référent départemental), Emmanuel Clavaud contrôleur général et Sébastien Pontet lieutenant-colonel. ©SDMIS

L’été 2022, la Gironde puis le Jura ont vu débarquer des pompiers de toute la France pour participer à la lutte contre les feux gigantesques qui dévastaient leurs forêts. Parmi ces soutiens, il ne faut pas oublier l’importante contribution des agriculteurs, locaux d’abord, puis régionaux et au-delà. À y regarder de plus près, l’expérience montre que les interventions des agriculteurs ne se limitent pas aux feux de forêts. Loin de là. L’été, il est relativement fréquent qu’un incendie de végétation débute dans une parcelle agricole au moment des récoltes. Les agriculteurs commencent bien souvent à agir avant l’arrivée des pompiers. Les réflexes sont là, l’engagement est effectif. Dans le Rhône, durant l’été 2023, un incendie à Bully avait aussi mobilisé bon nombre d’agriculteurs du secteur.
Pour autant, il ne s’agit pas de transformer les agriculteurs en secouristes et il convient donc de cadrer parfaitement leur engagement auprès des sapeurs-pompiers. Pour leur sécurité tout d’abord mais aussi pour gagner en efficacité. D’où la mise en place d’une convention de partenariat entre le service départemental-métropolitain d’incendie et de secours, le SDMIS, et la chambre d’agriculture du Rhône. Si la démarche est novatrice, elle tend aussi à se développer dans d’autres départements.

Nombreux cas de figure

Cette convention signée le 12 septembre dernier à Lyon « formalise la coopération » pompiers/ agriculteurs lors des incendies d’espaces naturels (forêt, parcelles agricoles, etc.), lors des incendies de bâtiments agricoles, et lors des interventions en présence des animaux. Ce dernier point a été ajouté après le renversement d’une bétaillère sur l’autoroute A43 en novembre 2023 à Saint-Laurent-de-Mure, révélant la nécessité d’avoir aussi des réponses rapides et adéquates pour la prise en charge des animaux d’élevage.
Pascal Gouttenoire, éleveur et pompier volontaire pendant 32 ans, connaît bien les contraintes de part et d’autre. « Je pense que l’on balaie là la très grande majorité des cas de figure pouvant nécessiter l’implication des agriculteurs. De toute façon, cette convention n’est pas figée dans le marbre et sera revue régulièrement si nécessaire ».

Dans le Rhône, les choses ont commencé à se mettre en place dès 2021, avec la création de la sous-commission des feux de forêts et d’espaces naturels. « Tout s’est accéléré avec les gros incendies de l’été 2022. Le Rhône n’est pas encore en zone rouge, mais il est limite ». Et l’agriculteur de faire référence au classement du Pilat en « massif exposé aux incendies », ce territoire est certes dans la Loire mais limitrophe à notre département. De la même façon, l’incendie de Bully a révélé la nécessité « de cadrer les choses car le Canadair n’a pas pu intervenir à cause des maisons mais aussi parce qu’il y avait des agriculteurs au sol », relate Pascal Gouttenoire.

Tout un réseau d’alerte

Ainsi cette convention vise à « préciser les actions de coopération, la préparation opérationnelle, l’engagement opérationnel ». L’un des premiers points du document est la mise en place d’un « réseau d’alerte » constitué d’un référent départemental titulaire, de ses deux suppléants et de référents territoriaux, secteur par secteur. En cas de sinistre, ce réseau d’agriculteurs référents aura pour rôle de servir de relais entre les agriculteurs locaux et le centre de commandement des pompiers, qui reste maître des opérations de secours.

Concrètement, ce qui sera attendu des agriculteurs, ce seront des actions de mouillage préventif, de barrières coupe-feu, la mise en œuvre de matériel spécifique « notamment pour l’alimentation en eau des moyens SDMIS, l’aide à la prise en charge des animaux », etc.

Prévention et expertise

En prévision de la période à risque concernant les incendies, un partage d’informations est prévu et se traduira en premier lieu, par une réunion annuelle, SDMIS-agriculteurs référents, pour établir une projection de la saison à venir. Ensuite, tout au long de la période et en fonction du niveau de risque, des prévisions de vent et de l’ampleur de la sécheresse, ce partage pourra être quotidien entre les services de secours et le référent départemental. En plus des risques sur les espaces naturels, les autres périodes sensibles sont celles des moissons et fenaisons. Les prévisions et le suivi des risques seront alors établis zone par zone.

Si l’auto engagement des agriculteurs est à proscrire, leur participation à ces interventions de secours l’est « à titre gratuit » et s’inscrit « dans le cadre des actions d’entraide et de solidarité entre les agriculteurs ». Pour autant, « les dommages causés ou subis par les agriculteurs […] sont couverts par le SDMIS ».

Pascal Gouttenoire tient à repréciser que cette présente convention « n’est qu’un premier pas. Elle sera très certainement amenée à être adaptée et améliorée ».

 

Françoise Thomas

La carte des référents départementaux

« L’intérêt de la mise en place de cette convention est d’avoir une réponse adaptée et coordonnée en cas de sinistre nécessitant l’intervention d’agriculteurs. »

Pascal Gouttenoire, référent départemental