Machinisme
Girard-Leclerc : le départ en retraite d’un passionné
Véritable passionné de mécanique, Yves Leclerc, gérant de la SARL Girard Leclerc de Cercié depuis trente-trois ans, a pris sa retraite au 1er mars dernier. Il revient sur l’évolution de la concession, les différentes phases de crise, sa passion de la transmission et sa vision du métier.
Depuis septembre 1989, année de la création de la SARL Girard-Leclerc, Yves Leclerc est cogérant. « On a créé la société avec René Girard, on travaillait dans la même boite et on a décidé de se lancer. J’ai toujours travaillé dans le milieu viticole », se souvient Yves Leclerc. Si 2023 marque son départ en retraite, il revient sur toutes ces années passées à Cercié, où il a pu observer l’évolution du vignoble et des machines.
Une entreprise grandissante
Si au départ ils sont deux, « on a très vite embauché. En 1991, on a effectué des travaux dans le bâtiment actuel qu’on avait acheté, qui était un hangar de transport. On a fait toutes les ouvertures », se souvient Yves Leclerc. La même année, les deux associés décident d’embaucher un représentant, « très important pour la partie commerciale ». Chez Girard-Leclerc, les concessions Bobard et Landini ont leur place et permettent aux deux associés de proposer enjambeurs, tracteurs agricoles et de miser sur le matériel viticole et vinicole. « Et les salariés n’ont jamais cessé d’augmenter, on est monté jusqu’à 15 personnes l’année dernière, dont 5 en apprentissage », partage Yves Leclerc.
Par manque de place, la SARL investit dans un bâtiment de stockage dans la zone artisanale de Voujon. « On n’a jamais trouvé un terrain qui correspond pour stocker toutes les machines ». Il y a dix ans, l’entreprise décide de construire un deuxième bâtiment de stockage.
En 1995, l’entreprise décide de racheter une succursale à Anse, qu’elle ferme ensuite en 2013. Une autre à Fleurie avait été achetée en 2012, mais a fermé en mars 2023 : le repreneur de la SARL Girard Leclerc, la SAS Faupin basée à Beaune (21), ne souhaitant pas d’agences.
Surmonter les crises
Avec la crise du vignoble Beaujolais, Yves Leclerc se souvient « d’une vingtaine d’années qui ont été dures. Nous n’avons jamais licencié personne, on a toujours trouvé des solutions ». Ses employés lui sont d’ailleurs très fidèles, « j’ai toujours formé des apprentis, j’aime transmettre ma passion de la mécanique. Certains sont là depuis vingt-cinq ans, d’autres treize ans. On travaille dans une ambiance familiale, qui va de pair avec de bonnes conditions de travail. On est tous des passionnés. » Si l’entreprise Girard Leclerc est restée une concession à taille humaine, « avec la crise du vignoble, nous n’avons pas pu nous développer. On proposait de la sous-traitance », reconnait l’actuel retraité. Il était important pour lui que « tout le personnel reste dans l’entreprise ».
Si aujourd’hui l’heure est à la passation, Yves Leclerc se souvient de ses années de travail avec nostalgie. « Je me suis d’abord occupé de la partie technique, puis quand René Girard est parti en retraite en 2008, j’ai repris la partie commerciale. » En apprenant tout sur le terrain, ce véritable passionné de mécanique et du contact client a toujours voulu être mécanicien, « surtout dans le milieu agricole ».
Témoin de l’évolution
En poste depuis plus de trente ans, Yves partage sa vision de l’évolution : « ces dix dernières années, l’électronique a tout chamboulé. Le Beaujolais a connu une reprise avec une plus forte notoriété. 90 % de nos clients sont des vignerons ». Avec le travail du sol qui a de plus en plus le vent en poupe, la SARL participe souvent à des démonstrations. « J’avais commencé à regarder pour les robots autonomes, parce que c’est l’avenir c’est sûr. Nous sommes encore aux balbutiements mais je pense que dans quatre ou cinq ans, ce sera au point. » Pour suivre l’évolution des machines, Yves précise que « tous les salariés vont en formation et en stage chaque année pour être à la page ».
Originaire de Haute-Marne, Yves Leclerc a décidé de s’implanter dans le Beaujolais il y a plus de trente ans, et pour une raison précise, « on a gardé le savoir-vivre dans le Beaujolais, ainsi que le contact client ». Après plus de trois décennies de services chez Girard Leclerc, il partage sa passion de la région. « Ça marque une vie, certains clients sont des camarades aujourd’hui, j’ai adoré le Beaujolais et déguster ses vins. »
Du côté du repreneur, pas de réel changement en vue : « c’est un concessionnaire avec presque les mêmes marques que nous proposons. On est sur la même lignée avec Faupin ».
Charlotte Favarel