Une nouvelle souche de sérotype 8 de Fièvre catarrhale ovine (FCO-8) apparue en août 2023 a repris sa circulation et a atteint les élevages du Rhône depuis quelques semaines. Un nouveau sérotype (FCO-3) impactant fortement les ovins est arrivé dans le nord-est de la France par les Pays Bas et la Belgique. Les 2 sérotypes engendrent des signes cliniques (animaux malades) d’intensité variable pouvant aller jusqu’à la mort des animaux, y compris des adultes.
Jusqu’à mi-2023, la FCO (d’autres souches et sérotypes) était présente en France depuis de nombreuses années sans signes cliniques, sauf dans de rares cas. Pour rappel, la FCO est une maladie virale « non contagieuse » affectant les ruminants domestiques (bovins, ovins, voire caprins) transmise par des moucherons piqueurs (Culicoïdes). La maladie est strictement animale, non transmissible à l’homme et n’affecte pas les denrées alimentaires.
Ovins : signes cliniques et conséquences
Les ovins sont les plus touchés cliniquement avec une mortalité possible, très importante dans certains cas, et baisse de production (impacts FCO 3 ; impacts FCO-8).
Signes cliniques (au moins 2 signes cliniques associés) : incubation de 6 à 8 jours, fièvre, symptômes locomoteurs : démarche raide, atteinte plus fréquente des postérieurs et souvent des 4 membres, possibles lésions hémorragiques, ulcères et perte d’onglons, symptômes respiratoires : tachypnée, dyspnée, rhinite modérée, jetage nasal, conjonctivite, stomatite avec croûtes en région naso-buccale, ulcères dans la bouche et les naseaux, hypersalivation, tête gonflée, œdème de l’auge.
Conséquences sur la reproduction : baisse de la fertilité et de la prolificité des brebis, avortements. Sur les béliers : baisse de qualité de la semence jusqu’à stérilité. La libido réapparait avant la fertilité avec retour à la normale entre 2 et 5 mois. Dans ¼ des cas, la stérilité est définitive. Dans ce contexte, il est recommandé de vérifier, à la saison suivante, l’aptitude des mâles à la reproduction, par examen de l’appareil génital externe et vérification de la qualité de la semence (NB : la qualité de semence ne reflète pas le pouvoir fécondant).
Sur les agneaux : agnelage difficile dans environ 10 % des cas, mortinatalité ; environ 2 fois plus de mortalité des jeunes : pneumonies, symptômes digestifs avec notamment diarrhée, arthrite, boiterie, syndromes nerveux, omphalo-phlébite.
Bovins : signes cliniques et conséquences
La proportion d’animaux atteints (morbidité) est plus faible qu’en ovin mais elle peut être élevée. La mortalité est possible, mais c’est avant tout la baisse de production qui peut être importante.
Signes cliniques (au moins 2 signes cliniques associés) : incubation de 6 à 8 jours, fièvre, hypersalivation, boiterie, œdème des pattes, congestion et ulcères dans la bouche, abattement, amaigrissement, conjonctivite, irritation du mufle, ulcères des naseaux, trayons enflés et rouges +/- œdème de la mamelle, baisse de production laitière de 3 à 5 %.
Sur la reproduction : le BTV 3 et 8 sont capables de passage transplacentaire et de malformations importantes chez les bovins. Ils causent des avortements, des anomalies cérébrales sur les avortons et les veaux nés à terme qui peuvent se manifester par une cécité ou un veau « idiot ». Ce passage transplacentaire du virus peut donner naissance à des veaux viropositifs pouvant présenter des signes cliniques de FCO.
Les mâles peuvent excréter du virus dans le sperme. L’infection peut se transmettre lors d’une saillie, par insémination artificielle ou lors de transfert d’embryons. Un taureau infecté ne donne pas naissance à un animal positif. Le taureau peut devenir infertile.
Préconisations
- Surveiller les animaux matin et soir : état général, comportement alimentaire, hydratation, production.
- Contacter son vétérinaire rapidement pour qu’il soigne les animaux et qu’il déclare les cas à la DDecPP.
- Limiter et sécuriser les mouvements depuis une zone atteinte pour ralentir la propagation de la maladie.- Vacciner ses animaux (bovins et ovins) dès que possible afin de réduire l’impact clinique et, pour la FCO-8, la diffusion de la maladie.
Zoom sur la vaccination
Les vaccins présents en France contre le BTV-8 sont efficaces sur la nouvelle souche. Il convient de contacter son vétérinaire afin qu’il prenne en compte la situation sanitaire de l’élevage.
Différents vaccins inactivés sont déjà disponibles contre le BTV-8 et 4. Ces vaccins nécessitent une ou deux injections de primo-vaccination et le délai de mise en place de l’immunité varie. Généralement, il faut compter 6 semaines (42 jours) entre la première injection de primo -vaccination et la mise en place de l’immunité complète 1. S’agissant d’une vaccination volontaire, l’éleveur peut vacciner directement ses animaux (sauf si la vaccination doit être certifiée – réalisation par un vétérinaire). Dans certaines situations d’urgence, les vaccins sont utilisés sous le régime d’Autorisation temporaire d’utilisation (ATU). Cela permet de protéger rapidement les animaux.
Vaccins disponibles en France et dont l’efficacité contre la nouvelle souche a été prouvée par l’Anses :
• BTV Pur sérotypes 4 et 8 : utilisable chez les bovins et les ovins (2 injections de primovaccination) ;
• Syvazul sérotypes 4 et 8 : utilisable chez les ovins uniquement (1 seule injection) ;
• Bluevac sérotype 8 : utilisation chez les bovins et les ovins (2 injections de primovaccination).
Source : GDSFrance, SNGTV, Anses
Situation de la FCO 8 dans le Rhône
A ce jour, une vingtaine d’élevages bovins et ovins ont des animaux confirmés infectés en FCO 8, avec de la mortalité en ovin. La situation évolue tous les jours, avec des déclarations de suspicion quotidiennes depuis le 20 août.