Flavescence dorée
Deuxième session de prospection lancée
Si la période des vendanges touche à sa fin, le vignoble est toujours mobilisé pour prospecter contre la flavescence dorée. Les sessions ont repris depuis le 26 septembre dans le Beaujolais, jusqu’au 19 octobre. Quelques résultats de ce qui a été prospecté en août sont tombés, l’heure est à la réactivité.
Autour des vendanges, viennent les prospections. La première session du 21 août au 1er septembre a mobilisé les viticulteurs et acteurs du vignoble. En cette période post vendanges, la deuxième commence et durera jusqu’au mois d’octobre.
Tous impliqués
Au mois d’août, les différentes sessions organisées dans le Beaujolais ont rassemblé. « Nous avons eu un beau taux de participation, 85 personnes à Villié Morgon, une centaine à Régnié Durette. Il y a eu une bonne prise en main de la part des vignerons référents qui sont allés repérer les secteurs en amont et une bonne participation malgré des vendanges qui commençaient pour certains », se plait à constater Nathalie Chuzeville, directrice de l’ODG des crus du Beaujolais. Les acteurs de la filière œuvrent toute l’année pour sensibiliser, « les gens commencent à comprendre qu’il y a urgence, le plus positif, c’est l’implication de tous les vignerons ». Cette semaine, la deuxième vague de prospections a été lancée le 26 septembre à Saint-Etienne-les-Oullières, Salles Arbuissonas et Saint-Germain-Nuelles. Trois semaines de prospections sont prévues au calendrier.
Des résultats inquiétants
Peu après les premières prospections du mois d’août, la Fredon a commencé les prélèvements. « Cette année, on ne prélève pas ce qui a été confirmé comme flavescent en 2021 et 2022, explique Denis Bec, coordinateur départemental de la filière vignes à la Fredon. On reviendra au bout de trois ans pour refaire un prélèvement et voir si les ceps sont toujours flavescents, cela économise 1800 parcelles à analyser pour se concentrer sur celles de cette année. » Avec les prélèvements effectués sur Villié Morgon, les résultats sont déjà inquiétants. « L’année précédente, nous comptions 180 parcelles contaminées. A ce jour, avec la moitié de la commune prospectée, nous avons déjà 90 parcelles supplémentaires qui basculent positives à la flavescence dorée », alerte Denis Bec. Cette saison, un élément vient compliquer les choses : « l’expression de symptômes de bois noir est très importante, contrairement à l’année dernière. À Belleville-en-Beaujolais, il y a une parcelle de chardonnay avec 900 ceps symptomatiques, l’analyse a montré que c’était du bois noir, alors que l’année dernière elle n’avait aucun cep malade. Cela perturbe la prospection et fait perdre du temps », regrette le coordinateur. Le mode d’action se concentre sur les communes fortement contaminées les années précédentes « comme la vallée de l’Ardières », pour continuer de nettoyer. « Cette saison, des foyers importants vont nécessiter des arrachages de parcelles », prévient Denis Bec. Parmi les communes nouvellement contaminées, Lachassagne compte une quinzaine de ceps flavescents. « On fait une surveillance sur cette partie de la commune, le foyer est de taille réduite et pris à temps. »
Action, réaction
Trois piliers sont essentiels pour arriver à éradiquer la maladie : le traitement, l’arrachage et les prospections. « Nous avons une chance de pouvoir lutter efficacement contre la maladie. Nous connaissons ses caractéristiques, l’insecte vecteur et le traitement insecticide est efficace. En Beaujolais, nous avons deux cépages qui expriment clairement la maladie donc nous pouvons l’éradiquer. Cependant, le chemin va être long, on en a pour une dizaine d’années. Il faut arriver à convaincre tout le monde de respecter les traitements. » Sans collectif, pas d’éradication. Avec le pilier numéro 1 qui est le traitement insecticide, « on empêche les contaminations et on évite de multiplier la maladie et avec le deuxième pilier qui est l’arrachage, on accélère la lutte », illustre Denis Bec. Si les prospections ont leur importance, « il faut au préalable avoir arrêter la contamination ».
« C’est dans la réactivité qu’on gagne en efficacité »
Avec ces sessions de prospections, l’objectif est de rendre chacun, à titre individuel, acteur de la lutte collective. « C’est dans le travail de tous les jours, au sein de leurs parcelles, que les viticulteurs peuvent être réactifs. Dès le premier cep observé, il faut venir vers nous et nous demander de l’aide, réitère le coordinateur. Alerter vite permet de gagner plusieurs années sinon 10 ans. Un foyer pris à temps sur les premiers ceps qui apparaissent est très facile à éradiquer. » Avec 500 parcelles contaminées sur les communes de Lantignié, Régnié Durette et Villié Morgon, la réactivité est le maître mot pour arrêter la propagation. « Une parcelle contaminée et indiquée à temps va étendre la maladie sur 3 ou 4 parcelles alentours alors que si on laisse trainer, on monte vite à une cinquantaine de parcelles. C’est dans la réactivité qu’on gagne en efficacité », conclut-il.
Les informations et renseignements concernant les prospections sont à retrouver par mail ([email protected]) et dans la Beaujonews.
Charlotte Favarel
Fin de saison : reconnaître les symptômes
Avec les aléas climatiques de la saison, pas facile de s’y retrouver dans les symptômes visibles de la flavescence dorée. Entre les périodes caniculaires et la grêle, les feuilles des ceps ne se lisent plus comme dans un livre ouvert. Denis Bec, coordinateur à la Fredon donne quelques conseils.
Début de l’automne oblige, le mois de septembre donne quelques fils à retorde à tous les prospecteurs dans les rangs. Denis Bec, coordinateur départemental de la filière vignes à la Fredon partage quelques conseils. « On recherchera plutôt des bois non aoutés si le cep présente une absence ou moins de feuilles. Les bois non aoutés restent plus souples, les branches retombent vers le sol. On peut voir un faciès différent du cep avec un port en parapluie. »
Aléas climatiques et intempéries
Avec la grêle, les attaques de mildiou et la sécheresse qui ont touché le vignoble cette saison, « le feuillage se détériore et les jeunes vignes ont perdu leurs feuilles. Il est possible d’avoir des parcelles difficiles à prospecter car avec les feuilles en moins, c’est un des symptômes qu’on ne voit pas. Il faut donc se concentrer sur les autres. »
Non-aoûtement, aoûtement partiel ou retardé des rameaux ; enroulement du feuillage ; coloration rouge du feuillage et des nervures pour les cépages rouges et jaune pour les cépages blancs et dessèchement ou absence de baies sont les quatre symptômes principaux. Denis Bec rappelle que la prospection peut se faire individuellement et toute l’année : « pendant la taille, il faut vérifier le bois qui a noirci et qu’on ne peut pas tailler. Quand on coupe au sécateur, il s’écrase et ne se coupe pas et cela veut dire qu’il ne s’est pas lignifié. Les viticulteurs vigilants pourront nettoyer leurs parcelles à l’hiver. Il ne faut pas se limiter à ce qu’on marque nous mais aller le plus loin possible dans le repérage ». Côté couleur, elles sont variables selon les parcelles, « à certains endroits on aura les symptômes typiques du rouge profond et d’autres présenteront des couleurs plus claires. La flavescence se repère grâce à une combinaison de symptômes différents ».
La Fredon continue les prélèvements « au moins jusqu’au 20 octobre ». Ayant besoin des feuilles de ceps pour l’analyse, « s’il n’y en a plus, c’est compliqué pour analyser ».
C.F.
