Bois
Gestion forestière collective au cœur du Haut Beaujolais
Le 15 octobre, lors de la journée bois qui s’est tenue à la Maison des forestiers et du bois à Deux Grosnes, l’association syndicale libre de gestion forestière du mont Saint Rigaud a présenté ses initiatives de gestion forestière collective. En parallèle, le Département a signé le Pacte Bois-Biosourcés avec Fibois Aura, renforçant l’utilisation de bois local dans ses constructions.
Le mont Saint Rigaud, point culminant du département du Rhône, abrite une importante surface forestière où se mêlent forêt privée et publique. Pour optimiser cette richesse, l’association syndicale libre de gestion forestière (ASLGF) du mont Saint Rigaud a vu le jour, rassemblant des propriétaires forestiers avec un objectif commun : gérer durablement leurs parcelles. Créée en réponse aux défis posés par les catastrophes forestières des années 1980 et 1999, l’association regroupe aujourd’hui 72 adhérents couvrant 937 ha répartis sur 7 communes du Beaujolais.
Une gestion mutualisée et durable
Guy Fayard, président de l’ASLGF, explique : « nous avons créé cette association pour favoriser une exploitation raisonnée de nos forêts et mutualiser les travaux. Avant, nous jardinions nos bois, mais il fallait aller plus loin pour transmettre un patrimoine forestier durable à nos descendants ». Ce modèle de gestion permet aux propriétaires de petites parcelles, souvent de moins d’1 ha, de participer à une gestion collective, tout en conservant la propriété de leurs terres. La mutualisation des coupes et des travaux est un élément clé de l’association. Les coupes de bois sont planifiées dans le cadre d’un document de plan simple de gestion et respectées sur une période de vingt ans. Manon Carré, technicienne au Centre national de la propriété forestière (CNPF), précise : « le plan simple de gestion donne un cadre précis. Nous effectuons un suivi rigoureux des parcelles et les propriétaires peuvent soit réaliser eux-mêmes leurs coupes, soit déléguer cette tâche au gestionnaire de l’association ». Depuis sa création, l’ASLGF a supervisé 163 ha de coupes en moyenne par an, avec des interventions favorisant les coupes d’amélioration, destinées à produire des bois de haute qualité tout en préservant l’écosystème forestier.
Une forêt irrégulière pour une gestion pérenne
Lors de la journée bois du 15 octobre, les participants ont visité deux parcelles gérées par l’ASLGF. La première, appartenant à un adhérent engagé dans la restructuration foncière, est un exemple de forêt irrégulière. Ici, les essences résineuses comme le douglas côtoient des feuillus de tailles et d’âges variés. Manon Carré explique : « dans une forêt irrégulière, l’objectif est de favoriser un renouvellement continu de la forêt sans passer par la coupe rase. La futaie irrégulière permet de maintenir un équilibre entre les arbres de différents âges, tailles et essences, favorisant la biodiversité et la régénération naturelle ». Cette approche permet de maintenir l’ambiance boisée tout en assurant une production de bois de qualité, en limitant les coupes à 15-25 % du volume.
Les participants ont pu observer une bonne gestion forestière, grâce à l’utilisation de la surface terrière. Cette dernière se mesure avec un système relascopique. « C’est la surface de la section coupée à 1,30m. On additionne ensuite toutes ces sections qu’on ramène à l’hectare pour connaître la charge en bois sur la parcelle et savoir si on est en concurrence », précise la technicienne.
Les ventes groupées : faciliter l’exploitation forestière
L’autre parcelle visitée met en lumière le fonctionnement des ventes groupées organisées par l’ASLGF. Ce système permet aux propriétaires ne sachant pas à qui vendre leur bois de s’appuyer sur le gestionnaire de l’association pour regrouper plusieurs lots et proposer une vente aux enchères. Dominique Jonchier, propriétaire forestier, précise : « les ventes groupées permettent aux petits propriétaires de vendre leur bois dans de meilleures conditions, en mutualisant les efforts et en assurant un prix juste ». En 2023, ce système a permis la vente de 750 m3 de bois provenant de plusieurs parcelles. Ces ventes facilitent également l’exploitation de parcelles mixtes, mêlant résineux et feuillus, avec des éclaircies favorisant la gestion irrégulière.
Charlotte Favarel
Signature du pacte Bois-Biosourcés
Le 15 octobre, à l’occasion de la journée bois organisée à Deux Grosnes, le Département du Rhône a signé, avec Fibois Auvergne-Rhône-Alpes, le Pacte Bois-Biosourcés. Ce pacte engage le département à massifier l’utilisation du bois et des matériaux biosourcés dans ses futures constructions pour les cinq prochaines années. Christophe Guilloteau, président du Département, a réaffirmé la volonté de la collectivité de soutenir la filière locale. « Nous voulons utiliser davantage de bois issus des forêts départementales, notamment pour les grands projets comme l’internat d’excellence de Deux Grosnes et le centre technique routier de Belleville-en-Beaujolais ». Zacharie Faure, de Fibois Aura, a expliqué que le Pacte Bois-Biosourcés a été déployé dans plusieurs régions avec 39 signataires. Il précise : « ce pacte propose différents niveaux d’engagement, de bronze à platine, avec 10 à 70 % de surfaces construites en matériaux biosourcés ». En contrepartie de leur engagement, Fibois accompagne les signataires avec des ateliers techniques. Ce pacte s’inscrit dans la continuité des actions menées par le Département, et il répond aux exigences de la réglementation environnementale RE2020 qui impose de réduire l’empreinte carbone des constructions. Des grumes de douglas issues des forêts d’Amplepuis et du Rhône sont déjà utilisées dans la construction du collège Jean d’Ormesson et d’autres projets.