L’effet de groupe au Geda de l’Ozon
Le groupement d’étude et de développement agricole (Geda) de l’Ozon a fait le point sur ses nombreuses activités, le 17 mars à Toussieu. Romain Weber, météorologue et fondateur de Lyon Météo était l’invité.

Les céréaliers et les éleveurs adhèrent au Geda de l’Ozon par envie d’appartenir à un groupe pour partager des expériences et avancer techniquement sur de nombreux sujets. Ils sont réunis autour de leur président Gilbert Barnachon, céréalier à Communay.
Comme chaque année, le rapport d’activité, présenté lors de l’assemblée générale à Toussieu le 17 mars, témoigne de la variété des travaux conduits au sein de l’association. Parmi eux, le pilotage de l’irrigation à l’aide des sondes tensiométriques, le pilotage du 3e apport d’azote avec la pince N-Tester, la campagne de reliquats d’azote, le suivi de parcelles (colza, couverts à la volée, etc.), essais labour et non-labour en partenariat avec St Ex Innov, des temps collectifs (tour de plaine, démonstration, formations), des points réguliers sur la situation des nappes, des travaux autour de la protection des cultures contre les corvidés, d’accompagnement à la lutte contre l’érosion, les suivis de biomasse des couverts…
Des suivis et des expérimentations
Pour le pilotage de l’irrigation par exemple, 16 exploitations font partie du réseau de suivi, soit 11 parcelles de blé, 14 en maïs et 2 en soja. Entre le 23 avril et le 10 septembre, ce sont 16 flashs qui ont été édités et transmis, grâce aux données fournies par les sondes tensiométriques. La gestion de l’eau est devenue, au fil des années sèches, de plus en plus prégnante.
Avec l’aide de ses partenaires*, le Geda expérimente aussi beaucoup. Il est notamment partenaire de la station St Ex Innov et conduit notamment des essais sur les systèmes labour et non-labour. Des essais sont par ailleurs en cours, avec les chambres d’agriculture de l’Ain et de l’Isère sur les couverts végétaux, l’association de tournesols avec des légumineuses pérennes…
Le groupement propose également un accompagnement à la lutte contre l’érosion sur des zones à enjeux forts telles que Marennes, Chaponnay, Simandres, Saint-Symphorien-d’Ozon, Genay, Feyzin, Saint Priest. Les premières mesures ont été mises en place dès l’automne 2024 et de nouveaux secteurs ont été identifiés : Montanay, Cailloux-sur-Fontaines et Rillieux-La-Pape. Cet accompagnement comprend l’implantation des cultures en semis direct, la protection des sols avec des intercultures, la mise en place de rotations avec prairies temporaires ou luzerne, de haies, l’implantation ou le maintien de bandes enherbées et de cultures permanentes…
La protection des cultures vis-à-vis des corvidés demeure une préoccupation des agriculteurs. Le Geda compte bien continuer à tester divers moyens de lutte. Il a participé à une démarche d’évaluation nationale d’une solution répulsive en traitement des semences de maïs sous l’impulsion d’Arvalis, sur une parcelle de la SCEA des Bruyères. Et comme chaque année, il est rappelé aux exploitants de penser à déclarer leurs dégâts !
En sous-groupes
Le Geda compte toujours deux sous-groupes très dynamiques : l’un sur l'agronomie et l’agriculture de conservation des sols et l’autre sur l’agriculture biologique. Leurs travaux ont été présentés pendant l’assemblée générale. Celui sur l’agriculture de conservation des sols, qui regroupe 25 exploitations, s’intéresse notamment à des essais (colza associé avec du trèfle violet, variétés de soja…). Des tours de plaine, des démonstrations de matériels des formations ou encore les portes ouvertes de St Ex Innov ont jalonné l’année. Plusieurs pistes de travail sont à l’ordre du jour pour 2025 : développement du pilotage intégral de la fertilisation sur BTH, fissuration/décompaction et désherbage mécanique/mixte/localisé en système de travail du sol réduit, développement des couverts végétaux ; cultures associées ; méthanisation ; rotation et fertilité des sols ; matière organique en système céréalier…
Un sous-groupe de 11 exploitations est engagé sur un projet Label Bas Carbone en lien avec l’aéroport Saint Exupéry et le groupe Vinci depuis 2023. Le projet a été labellisé en juin 2024. Ces agriculteurs travaillent à réduire leurs émissions de CO2 et augmenter leur stockage de carbone dans les sols. Pour cela, ils mobilisent divers leviers sur les exploitations : gagner en efficience sur la fertilisation, éviter le compostage, limiter le séchage, maintenir les rendements, intégrer des légumineuses, maintenir le pH des parcelles, restituer les résidus de parcelles, implanter des couverts et des cultures pérennes, apporter de la matière organique, garder des prairies…
Ainsi dans le cadre du projet de label bas carbone, le groupe de céréaliers a a contractualisé pour un minimum de 4000 crédits carbone pour l’aéroport de Lyon, soit 4000 teqCO2 sur cinq ans, avec un potentiel de 9500 TeqCO2.
Le groupe des agriculteurs bio, qui réunit 17 exploitations, outre les formations et les tours de plaines réguliers, conduit des essais de céréales bio en lien avec le centre de ressources de botanique appliquée (CRBA) et la Métropole de Lyon. En parallèle, un travail est engagé avec la Métropole pour valoriser le compost de biodéchets. Des essais sont réalisés, avec l’appui de l’Isara, Racine, Les Alchimistes et la Métropole, pour mesurer l’impact de son utilisation sur du blé tendre.
Emmanuelle Perrussel
Le climat change, la météo aussi…

Romain Weber, météorologue et fondateur de Lyon Météo, était l’invité de l’assemblée générale. Il a abordé « la prévision météorologique aujourd’hui et l’impact du changement climatique sur les pluies ».
À chaque fois, le bureau du Geda choisit un thème de discussion, en marge de son assemblée générale. Cette année, Romain Weber, météorologue et fondateur de Lyon Météo, était invité à intervenir sur les effets du changement climatique sur la météo. Parmi les points à retenir de ses propos, il a indiqué que « d'ici 2050, le nombre de journées très chaudes devraient augmenter tandis que le nombre de jour de gel sera divisé par deux ».
Pour les précipitations, « ces dernières devraient rester avec la même quantité sur l'année, sans forcément baisser mais elles devraient tomber de façon bien plus irrégulière. Les périodes de sécheresse devraient être plus nombreuses et plus longues et les pluies tomberaient en plus forte quantité en peu de temps ».
Le météorologue a par ailleurs expliqué le fonctionnement des modèles de prévisions météo, comment faire une prévision météo fiable et a proposé une analyse des gros épisodes pluvieux de l'année dernière.
E.P.